D’outre-tombe : vie et destin des œuvres posthumes

L’Examen d’André Vésale (1564) : un débat d’anatomie manqué

David Soulier


Texte intégral

1LExamen des Observations anatomiques de Gabriele Falloppio (1564) est l’ouvrage d’André Vésale le moins estimé en histoire de l’anatomie, quoique celui-ci l’ait considéré comme un « appendice » à son traité principal. Longtemps resté dans l’indifférence générale, ce dernier ouvrage de l’anatomiste flamand aurait pu donner lieu à un véritable débat entre deux éminents anatomistes du xvie siècle s’il n’avait pas fini par devenir posthume, ou plutôt, devrions-nous dire, doublement posthume. Car la mort du destinataire de cet écrit, Falloppio, puis de l’auteur, Vésale, a sans doute empêché l’Examen de rencontrer un succès immédiat et équivalent à celui remporté par le grand traité du même auteur. Cette double fin prématurée a littéralement étouffé une œuvre qui était susceptible de développer un débat d’anatomie entre ceux que l’on a appelé « deux pugilistes » et qui aurait pu se poursuivre au bénéfice de l’avancée de la connaissance anatomique. Une telle issue pour le dernier ouvrage de Vésale nécessite à la fois une explication et une discussion. Nous articulerons notre communication autour de trois axes : la genèse de l’Examen de Vésale, la question de sa réception et pourquoi il mérite une réévaluation.

La genèse de l’Examen de Vésale

2Rappelons d’abord qui était André Vésale. Né en 1514 à Bruxelles, Vésale est aujourd’hui considéré couramment comme le premier anatomiste moderne du xvie siècle. Il est l’auteur entre autres d’un célèbre traité d’anatomie, De la fabrique du corps humain, paru en 1543 à Bâle chez Oporinus et richement illustré par un élève du Titien, Jan van Calcar. Il a corrigé quelques deux cents erreurs du médecin antique Galien, alors la source d’autorité dans les universités de médecine en Europe. Après cette publication, Vésale quitte sa chaire d’anatomie de Padoue et entre au service de Charles Quint, puis de son fils Philippe II en tant que médecin personnel. L’anatomiste flamand doit ainsi résider à la cour impériale, et suivre l’empereur dans tous ses déplacements. En conséquence, Vésale n’a pratiquement aucune occasion de perfectionner ses connaissances anatomiques ; il espère de plus en plus retourner à l’université de Padoue, où il enseignait l’anatomie avec succès. Vésale est donc littéralement coupé du monde scientifique dont il avait rénové les bases. Mais plus tard, au milieu de l’année 1561, quand il réside à Madrid au palais de Philippe II, il reçoit la visite du médecin compatriote Gilles de Hertogh. Celui-ci lui remet un exemplaire d’un traité d’anatomie récemment publié la même année, les Observations anatomiques, écrit par Gabriele Falloppio, un anatomiste, né en 1523 à Modène, qui a enseigné l’anatomie à Ferrare puis à Pise avant de s’établir définitivement à Padoue où il tient la chaire qu’occupait jadis Vésale, dont il se dit l’élève. Il est célèbre pour avoir apporté de nombreuses corrections à l’œuvre vésalienne et pour avoir fait de nouvelles découvertes, dont la plus célèbre reste celle des trompes qui portent son nom.

3Seulement trois jours après avoir reçu le traité de Falloppio, Vésale, frappé par les apports et les corrections qu’il y trouve, décide aussitôt de répondre à Falloppio en écrivant un Examen de ce traité, même s’il n’a, dit-il, aucune occasion de pratiquer une dissection à Madrid, où il ne pourrait pas même se procurer un crâne. Malgré cet inconvénient, Vésale, en se basant sur ses propres acquis et ses souvenirs, entame, en guise de supplément à son traité principal, une réponse argumentée et cordiale à Falloppio sous la forme d’une très longue lettre manuscrite, qu’il rédige au jour le jour pendant le reste de l’année et qu’il termine le 27 décembre 1561. Dès le début de son Examen, l’anatomiste flamand se montre amical envers son successeur italien dont il vante les mérites, heureux de rencontrer enfin un anatomiste doué de plus de sérieux que Jacques Dubois1 ou Realdo Colombo2, et envie avec nostalgie le loisir studieux à Padoue par rapport à sa propre situation décevante à la cour impériale :

Cela fait trois jours, très cher Falloppio, que j’ai reçu par l’intermédiaire de Gilles de Hertogh, médecin de Bruxelles, vos Observations anatomiques. Vous pourriez déduire à quel point elles m’ont été précieuses du fait qu’elles aient été publiées par vous, qui êtes considéré comme le plus adroit aussi bien dans les différentes branches de la médecine que dans la pratique des dissections des corps, et qu’elles sont issues de l’université de Padoue, la plus estimée du monde entier, dans laquelle pendant près de six ans je me suis acquitté de la fonction que vous y remplissez à présent avec brio. […] Par conséquent, en plaçant toutes mes affaires au second plan, je me suis adonné corps et âme à une lecture insatiable et soudaine de vos Observations, durant laquelle à quel point mes grandes attentes ont trouvé satisfaction, et dans quelle mesure l’ardeur que j’ai consacrée à l’enquête des mystères de la Nature, doit déjà m’agréer à juste titre, vous le verrez d’après la présente lettre intime où je vais examiner dans un esprit d’amitié ce que vous avez finalement mis au jour, sans doute pour des honneurs et des promesses non obscurs et avec la crainte non négligeable que quiconque ne s’approprie ces choses. De cette manière, vous pèserez à nouveau vos opinions comme sur une balance, et il s’offrira à votre esprit plusieurs choses telles que vous en instruirez vos auditeurs en expliquant ces opinions. Et si vous trouvez bon de partager cet écrit avec les lecteurs de vos Observations, il dépendra de vous qu’ils les discutent avec plus de soin et qu’ils se ménagent une connaissance plus riche de l’art (pour ne pas dire un soi-disant appendice à mon ouvrage De la fabrique du corps humain)3.

4Ainsi, Vésale espère bien que Falloppio tirera profit de ce livre dans ses cours d’anatomie en vue d’un perfectionnement scientifique. C’est avec la même cordialité envers son destinataire, dont il attend une coopération équivalente, que Vésale terminera sa réponse :

Je suis donc déjà arrivé à la fin de vos Observations non sans un certain plaisir et l’agréable et heureux souvenir de la vie très douce que j’ai eue quand je traitais de l’anatomie en Italie, véritable nourrice de talents. […] Bien qu’il ne puisse se présenter ici (où je ne pourrais me procurer convenablement pas même un crâne) aucune occasion de pratiquer une dissection, j’espère que, grâce à une opportunité, j’explorerai encore un jour notre vrai livre du corps humain, soit l’homme lui-même. Ce que celui-ci montrera alors en plus, comme digne d’attention selon son énorme corne d’abondance et l’extraordinaire adresse de son Créateur, je le partagerai en retour avec vous en vue de compléter l’art4.

5Vésale remet ensuite le manuscrit à Paolo Tiepolo, ambassadeur vénitien auprès de la cour d’Espagne chargé de se rendre à Padoue. Malheureusement, à cause des premiers troubles des guerres de Religion en France, cet ambassadeur est bloqué en Catalogne pendant plusieurs mois avant de pouvoir repartir. Il arrive à la fin de l’année suivante à Padoue, où il apprend que Falloppio est mort le 9 octobre 1562, emporté par la maladie. L’ambassadeur, ne retournant pas en Espagne, n’a pas d’autre choix que de garder le manuscrit.

6Au début de l’année 1564, Vésale, toujours au service de Philippe II, souhaite pratiquer l’autopsie d’un noble espagnol décédé des suites d’une maladie dont il n’a pas pu connaître la cause. Cette légende rapporte que des témoins, voyant avec horreur le cœur du mort battre encore, en informent les parents du défunt, lesquels accusent Vésale d’homicide et d’impiété devant l’Inquisition5. Le tribunal le condamne à mort, mais Philippe II intervient à temps pour sauver Vésale, dont la peine est alors commuée en un pèlerinage en Terre Sainte. On a proposé d’autres raisons à ce voyage6. Pour se rendre à Jérusalem, Vésale passe par Venise, où des amis souhaitent obtenir une copie de son Examen. Vésale s’arrange avec un éditeur local, Francesco de’ Franceschi de Sienne, qui s’était établi à Venise depuis quelques années, spécialisé dans les livres en petit format de genres divers (médecine, édification, mythologie). Cet éditeur accepte de publier son Examen et fait acheminer le manuscrit, qui jusqu’alors était conservé dans les papiers de l’ambassadeur Tiepolo. Mais Vésale, une fois les conditions météorologiques favorables, doit partir, ne pouvant donc pas participer à l’impression de son dernier écrit7. L’Examen paraît en un in-4o de 170 pages ouvert par une lettre de l’éditeur datée du 24 mai 15648, au moment où Vésale était effectivement à Jérusalem9. Comme le livre ne contient pas d’imprimatur, nous pouvons supposer qu’il était disponible au milieu de l’année 1564, quand Vésale était à l’autre bout de la Méditerranée10. La lettre de l’éditeur est explicite :

Agostino Gadaldino, Andrea Marino, et d’autres médecins éminents, qui par hasard s’étaient retrouvés, ont salué dans ma librairie André Vésale, récemment parti d’ici pour Jérusalem. Ils lui ont demandé s’il était arrivé quelque chose à son Examen des Observations anatomiques de Gabriele Falloppio – il les avait informés qu’il avait appris d’Alessandro Baranzono que son écrit avait été confié à un ambassadeur de Venise pour être acheminé à Padoue. Vésale a répondu que son Examen avait été remis au très illustre Paolo Tiepolo, ornement extraordinaire du Sénat vénitien, alors qu’il quittait la cour du Roi Philippe […]. Puisque donc certains de ceux qui étaient alors présents souhaitaient qu’une copie de cet écrit leur soit faite, ils ont tous été d’avis que celui-ci me soit confié dès qu’il aura été reçu de Tiepolo, et que je le diffuse imprimé à tous. Vous apprendrez par la pratique elle-même combien de parure et d’accroissement s’ajoute à la science anatomique à partir du présent écrit rapidement élaboré, mais longtemps étouffé, et vous saurez aisément par expérience comment, en comparant cordialement les études de ceux qui pratiquent la dissection, cette science peut se développer encore de jour en jour11.

7L’éditeur semble avoir conscience que Vésale a composé sa réponse au traité de Falloppio en allant un peu vite en besogne et qu’il est nécessaire surtout de comparer les deux ouvrages.

8Escorté par Malatesta, général des armées vénitiennes, Vésale, après être passé par Chypre, arrive à Jérusalem. Durant son séjour, le Sénat de Venise, à ce qu’on dit, l’appelle à reprendre sa chaire d’anatomie à Padoue pour remplacer Falloppio12. Soi-disant par avarice, Vésale, très peu fourni en vivres, s’embarque sur un navire de pèlerins et non de marchands, bien qu’il ait un passeport remis par Philippe II. Les conditions à bord sont funestes. Le vaisseau, poussé par des vents contraires, aborde à l’île de Zante, où Vésale, gravement malade, trouve la mort le 15 octobre 1564 dans des circonstances toujours mystérieuses. Il est enterré par un orfèvre qui l’a reconnu, ou par son compagnon de voyage, dans un vil tombeau près d’une église.

9Finalement, nous avons une lettre qui aura connu un double destin : celui d’un destinataire qui décède avant de l’avoir reçue, celui d’un auteur qui disparaît avant d’en avoir vu la publication, les deux ne s’étant jamais rencontrés face-à-face. C’est sans doute cette situation finale, en plus d’autres facteurs, qui a fait obstacle à une bonne réputation du livre.

La question de la réception de l’Examen 

10Passons à la réception immédiate de l’Examen de Vésale : une chose est sûre, c’est qu’il n’a pas reçu les mêmes honneurs que le traité de Falloppio auquel il répond. Contrairement au traité principal de Vésale, très peu d’auteurs anatomistes de l’époque mentionnent l’Examen. Parmi eux, citons le médecin Gabriele Cuneo de Milan, auteur aussi d’un Examen13, concernant un pamphlet adressé par Francesco Puteo contre Vésale, paru chez le même éditeur la même année14. Il y fait des citations de l’Examen vésalien15 : on a supposé qu’il avait eu entre les mains le manuscrit de l’Examen avant sa publication16, ce qui est improbable puisque le manuscrit était gardé par l’ambassadeur Tiepolo – d’autant que certaines idées similaires entre les deux Examen pourraient soutenir la thèse controversée de l’attribution vésalienne au contre-pamphlet de Cuneo, ou bien d’une collaboration17. Aussi, l’Allemand Volcher Coiter recommande la lecture de l’Examen après le traité de Falloppio et avant les opuscules d’Eustachi18, et l’Italien Giovanni Battista Carcano Leone fait plusieurs renvois à l’Examen19. En outre, le célèbre médecin français Jean Riolan, qui cite l’Examen dans sa grande Anthropographie, malgré sa position critique envers Vésale, dit qu’on doit se garder de rejeter cet ouvrage, car il contient plusieurs choses remarquables20 et il le trouve même plus authentique, avec la Grande Chirurgie et la Lettre sur la racine de Chine, que le De la fabrique du corps humain21, un doute qui a été reformulé bien après22.

11Nous pouvons aussi parler de réception en termes de rééditions. Or, les éditions suivantes de l’Examen sont peu nombreuses et sont parues bien plus tard et hors de l’Italie, à cause d’une préférence italienne pour son contemporain Realdo Colombo, comme le prétend le Flamand Pieter Paaw23. En outre, plus d’un érudit anatomiste devait avoir conscience que l’Examen de Vésale (pour rappel rédigé à Madrid sans que l’auteur ait eu la moindre occasion de vérifier les découvertes et corrections de Falloppio à son œuvre) était un ouvrage peu fiable au niveau de la rigueur scientifique. C’est sans doute ce qui a causé le long manque d’intérêt pour ce dernier ouvrage vésalien, et c’est ce qu’a compris le médecin allemand Johann Jessen. Celui-ci a pu par chance s’en procurer un exemplaire et y a trouvé un certain intérêt, si bien qu’il s’est décidé à le faire rééditer à Hanau en 1609, précisant sur la page de titre qu’il s’agit, comme l’avait bien formulé Vésale, d’un appendice à la Fabrica qu’il entend « sauver de la destruction ». Dans la dédicace, datée du 1er février 1609 à Vienne, Jessen explique les raisons de son entreprise, tout en essayant de rétablir le prestige de Vésale et de son dernier livre alors quasi inconnu :

Ayant obtenu par surprise un exemplaire [des Observations anatomiques de Falloppio] en Espagne, Vésale a soumis ce traité à la critique, et, comme il avait découvert qu’il y était malmené à tort, il a décidé de s’appliquer sur-le-champ à sa propre défense et de sauvegarder son autorité auprès de la postérité. […] Après l’avoir entièrement parcouru, j’ai commencé à songer dans mon esprit à quel point il serait indigne si ce dernier travail de Vésale, aussi bien convenable aux étudiants que très nécessaire pour défendre l’honneur de son auteur, échappait aux mains des lecteurs, surtout avec la réédition ces prochaines années des ouvrages de Falloppio partout exposés en vente. Ainsi, j’ai pensé que je ferais honneur aux mains divines de cet auteur et à l’intérêt des professeurs si je sauvais de la destruction cet ouvrage en en faisant une réédition24.

12Reprenant le contenu de l’avis au lecteur et du début de l’Examen original, Jessen pardonne à Vésale la perfectibilité de sa réponse en la déclarant une œuvre prématurée, et sous-entend la nécessité d’une comparaison. Il réaffirmera son intérêt pour l’Examen le même mois en écrivant à un ami, le médecin Johann Beyer, qui a contribué à la réédition suivante de l’écrit vésalien, dans une lettre manuscrite inédite datée du 20 février 1609 également à Vienne, dans laquelle il exprime cet intérêt dès le début, impatient de voir réédité le dernier écrit de Vésale :

J’ai remis à votre Aubrius, mon très distingué ami, l’Examen d’André Vésale sur les Observations de Falloppio, un opuscule que je recherchais depuis déjà tant d’années et que j’ai acquis du moins tout récemment pour en faire une réédition : c’est un ouvrage tel qu’il peut être lu et relu avec profit par les membres de notre profession, surtout si on le compare avec l’écrit adverse. […] Quant à vous, que je maintiens ainsi par le droit de l’amitié, prenez soin à ce que cet opuscule paraisse le plus tôt possible en quelques exemplaires, et si votre collègue vous aura semblé hésiter, qu’il soit de votre pouvoir de confier l’ouvrage à n’importe qui d’autre25.

13Après la réédition de 1609, l’intérêt de Jessen, entraîné par des événements tumultueux, pour Vésale semble ne pas avoir eu de suite. Soixante ans plus tard, à l’université florissante de Leyde, le célèbre professeur d’anatomie flamand Johann van Horne décide de lancer ce qu’on aurait attendu de Vésale et de Falloppio s’ils étaient encore vivants : un débat consistant en une véritable comparaison de ces deux écrits, ce qui a donné lieu à la publication de cinq opuscules successifs d’une vingtaine de pages, sous le titre d’Exercitationum anatomicarum (Leyde, 1669). Le premier tome contient une « Petite préface » où Van Horne tente à son tour de remettre en valeur son illustre prédécesseur, malgré ses erreurs, et veut faire sortir l’Examen, recherché par de nombreux étudiants, d’une « longue éclipse », raisonnant comme l’avait fait Jessen, qu’il mentionne et reprend dans ses propos :

Comme il croyait que cette émulation de son élève (bien que celui-ci l’ait critiqué avec bien plus de modestie que celui-ci avait critiqué Galien) diminuait une assez grande partie de sa gloire et de son estime, Vésale a ensuite décidé de lui répondre pour ainsi sauvegarder activement auprès de la postérité l’autorité et le pouvoir qu’il avait reçus dans l’art anatomique. […] Ayant fait mention de cet écrit quand il avait entendu dire qu’il se trouvait chez le maître Piribachius, professeur à l’Archigymnase de Vienne, le très savant Johann Jessen de Jessen, estimant indigne que ce dernier travail de Vésale, très nécessaire à la défense de la réputation de son auteur, échappe aux mains des lecteurs, a voulu le sauver de la destruction en en faisant une réédition. […] Cela a été pareillement mon but, très aimables lecteurs, c’est-à-dire faire honneur aux mains de si grands savants et les présenter à nouveau, comme après une longue éclipse, pour qu’ils soient considérés dans leur éclat d’origine par le monde des érudits, ce à quoi j’étais d’autant plus encouragé que des jeunes gens très brillants et très scrupuleux, mes auditeurs et élèves (dont les noms ont été adjoints à chacun des débats), m’ont généreusement apporté leur concours26.

14Il s’agit bien d’un rare cas de débat direct entre deux traités d’anatomie proches, mais qui sera également sans suite et qui curieusement est passé inaperçu dans l’histoire de l’anatomie tant moderne que contemporaine, sans doute à cause d’un faible tirage27. Toutefois, ce débat scientifique pour l’œuvre de Vésale, quoiqu’exceptionnel, restera isolé pour la seconde moitié du xviie siècle.

15Au siècle suivant, en 1725, également à Leyde, l’illustre Herman Boerhaave et son brillant élève Bernhard Siegfried Albinus font paraître ensemble, à titre d’hommage, une gigantesque Opera omnia de Vésale, contenant naturellement son Examen. Dans la préface, ils essayent à leur tour de donner une plus-value au dernier ouvrage de Vésale en expliquant à leur manière la raison de sa valeur inférieure à celle du traité de Falloppio, tout en lui trouvant des qualités :

[Vésale] a toutefois préparé une réponse, qu’il a terminée le 27 décembre 1561 au palais royal de Madrid. On en déduit aisément que cet écrit serait inégal à celui de Falloppio, et qu’il ne reproduit pas la sagesse antérieure de Vésale en la matière. Car pendant vingt ans éloigné de l’anatomie, dénué de tout instrument anatomique et de toute possibilité d’examiner des cadavres, entièrement soumis aux services de la cour, il est souvent embarrassé, nie la vérité, fait souvent des assertions non prouvées. Autrement, on trouve aussi de nombreuses bonnes choses dans cet écrit. […] Vésale a supporté avec peine ces Observations, si bien qu’il se plaint que Gabriele Falloppio, autrefois son élève le plus pénétrant à l’académie de Padoue, lui ait tout pris, et qu’il ait osé le tuer et le massacrer avec les propres instruments de ses armes, et, comme on le dit, le proclamer banni du monde entier. Mais assurément, si Falloppio avait survécu à cette réponse, il aurait eu suffisamment à répondre28.

16Boerhaave et Albinus expriment eux-aussi la nécessité de faire une comparaison entre l’écrit de Vésale et celui de Falloppio, qu’ils ont inclus aussi dans leur recueil. Comme on le voit, ils sous-entendent la valeur posthume d’une telle réponse à Falloppio. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à présenter Vésale comme trahi par Falloppio d’après un passage tiré de la Grande Chirurgie29 qu’ils croient authentique et ont incluse également.

17Nous arrivons ainsi à seulement trois rééditions de l’Examen de Vésale en deux siècles, ce qui devrait révéler un faible intérêt qui, cependant, n’aura pas le même effet sur la littérature scientifique des encyclopédistes, à commencer par Jacob Douglas dans son Bibliographiae anatomicae Specimen (Leyde, 1715), qui contient une notice sur Vésale où il ajoute quelques mots sur son dernier ouvrage, insistant lui-aussi sur le regret d’un débat tué dans l’œuf :

Dans cet Examen, Vésale montre une si grande tendresse envers son élève que, bien qu’il protège parfaitement sa renommée auprès de la postérité, il n’a pas autant réfuté que secondé son adversaire ; mieux encore, il semble avoir encouragé à la communication d’observations semblables (mais avec un vain résultat à cause de la mort de Falloppio devançant l’examen de cet Examen)30.

18L’encyclopédiste plus souvent cité, Albrecht von Haller, dans sa Bibliotheca anatomica (Zurich, 1774), malgré son peu de sympathie envers Vésale dans la notice qu’il lui consacre, semble apprécier davantage l’Examen, auquel il trouve des qualités précises :

Enfin, [Vésale] a publié la même année l’Examen des Observations anatomiques de Gabriele Falloppio (Venise, 1564, in-4o), bien qu’il ait écrit cet examen plus tôt le 17 [sic] décembre 1561, trois jours après avoir reçu le livre de Falloppio, et à Madrid, où il n’a pu se procurer pas même un crâne humain. C’est pourquoi dans la plupart des passages il répète ses premières découvertes plutôt que de répondre vraiment. Toutefois, il y a certaines choses, certes tirées des animaux, sur l’anatomie des oreilles et sur d’autres osselets de la tête, nouvelles et exposées scrupuleusement, ainsi que sur les points à partir desquels la nature osseuse s’étend pour absorber le cartilage, le plexus du 7e nerf avec le 5e, l’aspect du péritoine près de la vessie, le muscle interne de l’oreille (mais vu seulement en 1561), l’épiphyse qui fait office de cellules mastoïdes chez les ruminants, le promontoire, l’étrier, la cochlée, le vestibule, les fenêtres, les canaux semicirculaires, l’aqueduc, son artère, les creux pituiteux de la tête (parmi lesquels il n’a pas ignoré le maxillaire), le quatrième nerf31.

19Ces auteurs du xviie et du xviiie siècle ont dans l’ensemble saisi le caractère posthume du dernier écrit vésalien32, ce qui a été moins le cas par la suite sous le regard moderne. En fait, l’Examen de Vésale a été diversement interprété dans l’historiographie du xxe siècle. En 1892, le biographe de Vésale, Moritz Roth, dit que Vésale a sous-estimé Falloppio tout en ayant confiance en ses propres connaissances, ce qui fait que sa critique ne peut être qu’erronée, mais il lui trouve aussi des bons points33. En 1943, Arturo Castiglioni impute lui-aussi à Vésale l’absence de matériel de dissection pour la vérification des découvertes de Falloppio34. En 1964, l’autre biographe de Vésale, C. D. O’Malley, fait la même remarque en ajoutant que ce livre est faible au niveau de la rigueur scientifique et que Vésale se contente de rappeler des principes déjà énoncés en acceptant parfois des théories erronées, bien qu’il n’écarte pas l’éventualité d’un vif débat entre Vésale et Falloppio s’ils avaient survécu35. En 1970, José Baron Fernandez établit lui-aussi le contraste entre le milieu académique de Falloppio et le cabinet impérial de Vésale36. Et en 1994, Juan José Barcia Goyanes souligne les raisons pour lesquelles le contenu de l’Examen n’est guère évoqué par les historiens de la médecine37. La même année, une traduction néerlandaise de l’Examen38 est faite par un groupe de médecins plus ou moins latinistes qui, d’après la préface, ne se sont pas concertés, et qui, non commerciale, n’a été compté qu’en trois exemplaires conservés dans des bibliothèques de Belgique (2 à Anvers, 1 à Diepenbeek) ; d’après notre déchiffrement, cette traduction semble perfectible. En 2015, paraît enfin un article, en néerlandais, dédié exclusivement à l’Examen, dont le sujet se limite aux comparaisons faites par Vésale de certains organes à des objets courants39. Malgré cela, l’Examen est longtemps resté dans l’indifférence en historiographie de l’anatomie à la Renaissance, avant tout à cause de son caractère posthume et de ses défauts d’observation scientifique. Une réévaluation est nécessaire.

Pourquoi l’Examen mérite une réévaluation

20Si ce livre n’a pas reçu l’attention qui lui était due, c’est d’abord à cause de ses nombreuses erreurs typographiques (Vésale, rappelons-le, n’a pas pu participer à l’impression) : elles sont au nombre d’une par page en moyenne et il n’y a pas de liste d’errata. Il est inutile de dire que ces erreurs ont par la suite persisté en grande partie dans les rééditions de 1609 et 1725 malgré plusieurs corrections, ce qui a dû obscurcir sa compréhension. Ce livre a visiblement été imprimé par un typographe qui était pressé par le temps ou a mal interprété le manuscrit de Vésale. De plus, nous avons dit que la mort de Vésale et de Falloppio pourrait avoir porté un coup dur à la notoriété du livre ; nous pouvons également tenir compte de l’impossibilité de vérifier les résultats de Falloppio par la dissection. En deux mots, cette correction de l’œuvre de Falloppio est à la fois perfectible et sous-estimée. D’ailleurs, les historiens de Vésale, lorsqu’ils parlent de son Examen, s’étendent plus sur les circonstances dans lesquelles il a été écrit, recopiant pratiquement l’avis au lecteur, que sur son contenu exact.

21En réalité, c’était une opération risquée que de critiquer une série de nouvelles observations depuis un bureau d’étude, sans avoir aucun recours à la dissection à Madrid, comme Vésale le précise seulement à la fin de sa réponse, ne disposant d’aucun autre moyen pour répondre que de se baser sur ses souvenirs. Certes, Vésale en général ne rectifie aucune des affirmations de Falloppio et son argumentation se réduit à une insistance des mêmes arguments qu’il utilisait dans la Fabrica pour justifier les erreurs que son émule mettait bien en évidence. Toutefois, il insiste de nouveau sur le fait qu’il n’a pas appris la véritable anatomie grâce à Galien, lequel disséquait des animaux, mais qu’il a réussi à la comprendre à travers l’œuvre de ce dernier40. En outre, il trouve irrecevable d’essayer de sauver Galien en faisant mention des mutilations dont auraient pu souffrir ses textes41. Au passage, Vésale fait valoir ses priorités pour certains chapitres essentiels42 et s’étonne de la fréquence avec laquelle Falloppio s’attarde sur de petits détails43, alors qu’il passe sous silence la question du cœur et de la circulation sanguine44. À un endroit, il ne comprend pas pourquoi Falloppio voit Valverde, un plagiaire de ses planches, comme un véritable anatomiste45. Parmi ses principales erreurs, Vésale ne peut pas se résoudre à abandonner complètement la présence chez l’homme d’un septième muscle oculaire, en fait propre à certains animaux46 ; il rejette catégoriquement l’idée des artères profondes du pénis découvertes par Falloppio47, ainsi que, pire encore, le clitoris (qui est pour lui comme un cas d’hermaphrodisme !) et son homologie avec le pénis, il s’en tient donc au parallèle erroné établi par Galien48. Il ne rectifie pas des choses indéfendables comme la pulsation des sinus49, ou quand il appelle le vagin « col de l’utérus50 ». Néanmoins, il reconnaît avoir copié ce qui est désigné comme la quatrième forme du crâne51 et loue parfois le travail acharné de Falloppio, notamment celui sur la connexion des muscles du larynx52. Comme l’avait fait remarquer Von Haller, l’écrit de Vésale tire son mérite de certaines nouvelles données partagées, comme sur l’ostéogenèse fœtale53, l’ossature du système auditif54, ou le cycle du fœtus55, même s’il reconnaît n’avoir disséqué que très peu de femmes enceintes56. Rappelons qu’à la toute fin de son livre, Vésale avoue bel et bien qu’il espère avoir un jour l’occasion de pratiquer une dissection à Madrid, et de préférence il espère revenir enseigner à Padoue où il comptait probablement vérifier les découvertes de Falloppio. Cela est clair lorsqu’il a à cœur de rappeler à Falloppio d’importants principes qu’il avait énoncés dans son traité principal57 et va même jusqu’à proposer des conseils de dissection sur des sujets animaux pour vérifier des points prêtant à discussion58. En tout cas, son Examen témoigne bien de son souhait grandissant de retourner à ses études anatomiques, plutôt que de rester dans une cour composée de médecins galénistes qui cherchent à le rabaisser aux yeux du roi en le considérant comme spécialisé seulement sur la surface du corps et indigne du nom de médecin59.

22Cet ouvrage est bien le document d’un vétéran en anatomie, et on imagine facilement les épreuves sensorielles que l’auteur a dû endurer au cours de ses manipulations de matériel de dissection ; en fait, il s’agit du reflet de toute une vie d’anatomiste. Mieux, cet Examen offre l’occasion d’en savoir plus sur Vésale, non seulement sur sa méthode et son enseignement, mais aussi sur son personnage et ses perceptions : on sait quel est son point de vue sur certains anatomistes contemporains, qu’il soit sensé ou partial60 ; on sait comment il s’y est pris pour choisir un vocable anatomique plutôt qu’un autre dans sa Fabrica61 ; on sait même quelles ont été ses aptitudes pour l’anatomie pendant son enfance62 ; et surtout, on comprend mieux la stratégie qu’il a adoptée dans sa Fabrica sur certains points que Falloppio a apparemment mal saisis63 – parfois il lui reproche le même défaut que reprochait Léonard de Vinci à Michel-Ange, à savoir ajouter des parties anatomiques purement imaginaires64. Et si Vésale aime bien faire des comparaisons d’organes à des sifflets65, à des nœuds de chapeaux de cardinaux66, et à d’autres objets assez insolites, c’est seulement pour s’attirer la cordialité de son destinataire et faciliter sa compréhension. En outre, Vésale ne se contente pas de répéter, comme l’a dit Von Haller, ce qu’il a dit dans son grand traité : il n’hésite pas à reconnaître parfois une nouvelle découverte de Falloppio qu’il a pu lui-même observer récemment, comme le troisième osselet de l’oreille appelé étrier, absent dans la Fabrica67. D’ailleurs, cet ouvrage a été si négligé que la plupart ont cru Vésale sur parole quand il a dit qu’il ne pouvait pas se procurer un crâne à Madrid. D’autres, comme Von Haller et C. D. O’Malley, ont noté le « 17 décembre 1561 » au lieu du « 27 » pour la date de fin de rédaction du manuscrit. Mais ce qu’il faut admirer le plus dans l’Examen, en prenant un peu de distance, c’est qu’il s’agit d’un véritable tour de force de la part de Vésale. Il ne s’est pas contenté de faire un simple accusé de réception à Falloppio ; au contraire, sans matériel de dissection à l’appui et avec un risque audacieux, il a cherché à répondre de façon adéquate à un jeune anatomiste qu’il admirait tant et qu’il souhaitait rencontrer personnellement. Ce n’est donc pas un écrit inutile comme on l’a longtemps cru – d’autant qu’en histoire, comme on le sait, il n’existe aucun document inutile. Dans ce type de documents, il faudrait essayer de se remettre dans le contexte, à la place de Vésale, alors qu’il séjournait dans un pays attaché à l’anatomie galénique.

23L’Examen de Vésale est pour les Observations de Falloppio ce que le Serf arbitre de Luther est pour le Libre arbitre d’Érasme, autrement dit un rare cas de débat scientifique entre deux auteurs de la Renaissance qui aurait pu s’accroître à leur époque. Contrairement à ces deux ouvrages, l’Examen constitue l’exemple d’une œuvre posthume qui n’a guère réussi à trouver son public au moment de sa publication. Nous avons ainsi reconnu que le terme de « posthume » peut être synonyme de désintérêt, voire d’échec littéraire dans les esprits, mais que certains cas, comme celui du dernier ouvrage vésalien, conduisent tout de même à une réflexion permettant une réhabilitation du terme, dans une perspective aussi bien historique que scientifique.

Notes

1 Son ancien professeur d’anatomie, fervent galéniste, réputé à Paris, qui lui a consacré un pamphlet (Vaesani cujusdam calumniae in Hippocratis et Galieni rem anatomicam depulsiones, Paris, 1551) dans lequel il le traite de « fou » et fait état de ce qu’il conçoit comme des calomnies dans son œuvre. Vésale avait déjà répondu à ses remarques, comme il le dit dans sa Lettre sur la racine de Chine (Bâle, 1546, p. 41-44).

2 Ancien collègue à l’amitié complexe, auteur d’un De re anatomica (Venise, 1559) dans lequel il tente de corriger l’œuvre vésalienne, et qui l’a remplacé à la chaire d’anatomie de Padoue après son départ pour la cour impériale. Vésale le mentionne peu favorablement dans sa Lettre sur la racine de Chine (p. 136).

3 Examen… (1564), p. 1-2.

4 Ibid., p. 170-171.

5 Voir Melchior Adam, Vitae Germanorum Medicorum, Heidelberg, 1620, p. 133.

6 Hubert Languet, Johann Metellus, Reiner Solenander, Ambroise Paré, Pietro Birazi, et Jacques Auguste de Thou ont chacun donné différentes versions des raisons et circonstances du voyage de Vésale à Jérusalem.

7 On sait que Vésale était bloqué à Venise en mars 1564 par le mauvais temps d’après deux lettres du secrétaire de Philippe II ambassadeur à Venise (voir José Baron Fernandez, Andrés Vesalio: su vida y su obra, Madrid, 1970, p. 237-238). D’après l’historien contemporain Pietro Bizari (Della guerra fatta in Ungheria, Lyon, 1568, p. 179), Vésale a quitté Venise pour Chypre, avec le général vénitien Malatesta, vers le mois d’avril.

8 Le privilège d’impression accordé par le Sénat de Venise le 6 mai 1564 est conservé aux Archives d’État de Venise (Senato I Rotulo 45, Terra 1564-1565, 27). Transcrit dans Moritz Roth, Andreas Vesalius Bruxellensis (Berlin, 1892, p. 433).

9 Une lettre du gardien des Lieux saints à Philippe II, datée du 29 mai 1564, nous confirme la présence de Vésale à Jérusalem (voir José Baron Fernarndez, op. cit., p. 245).

10 L’anatomiste de Rome Bartolomé Eustache rapporte avoir lu l’Examen dans un avis au lecteur daté du 1er juillet 1564 et ouvrant son Erotiani Graeci scriptoris vetustissimi vocum… Collectio, Venise, 1566.

11 Examen…, f. *2 ro-*2 vo.

12 Voir Melchior Adam, Vitae…, op. cit., p. 133.

13 Examen de l’Apologie pour Galien en anatomie de Francesco Puteo (Venise, 1564), daté du 26 mars 1563.

14 On trouve certains exemplaires reliés avec l’Examen de Vésale.

15 Voir p. 13, 21, 39, 73.

16 Voir Arturo Castiglioni, « The attack of Franciscus Puteus on Andreas Vesalius and the defence by Gabriel Cuneus », Yale Journal of Biology and Medicine, 1943, vol. 16, p. 135-148.

17 Voir le début de l’ouvrage de Cuneo, où l’auteur fait une longue remarque élogieuse sur Falloppio et emploie des expressions qu’on retrouve dans l’Examen vésalien. Le privilège d’impression du Sénat vénitien cité plus haut mentionne les deux Examen réunis. Girolamo Cardano, dans son De propria vita liber (1654), pensait que Vésale avait composé aussi cet Examen en utilisant le nom de Cuneo comme un pseudonyme, mais Moritz Roth a essayé de prouver l’authenticité de Cuneo (voir sa biographie de Vésale, p. 342-346).

18 Voir son Externarum et internarum principalium humani corporis partium tabulae (Nuremberg, 1573), f. AA3 ro.

19 Voir ses Anatomici Libri II (Pavie, 1574) : livre I, f. 8 vo-9 ro, 10 vo, 12 ro, 13 vo, 16 ro-16 vo, 23vo, 28ro ; livre II : f. 4 ro, 10 ro-14 vo, 20 ro, 23 vo-24 ro, 28 ro-29 ro.

20 « Il ne faut pas aussi mespriser, l’examen des observations de Fallopius, où il y a des choses qui ne sont pas communes, & le livre mesme de la Schine, vaut la peine d’estre leu, il est tout afaict Anatomiste ; mais certes Vesalius y paroist un peu rigoureux à l’encontre de Galien. » (Riolan, Les Œuvres anatomiques, Paris, 1628, p. 69).

21 « C’est pourquoy ie soupçonnerois volontiers que [dans la Fabrica] ce Latin si poly, & cet adjancement de paroles si bien compossees, ne fust la traduction de quelque bien disant de ce temps, & non pas le langage de Vesalius, qui a parlé tout autrement que cela en sa grande Chirurgie, en l’examen des observations de Fallopius, & en son livret de la Schine. » (ibid., p. 68).

22 Voir Jacob Douglas, Bibliographiae anatomicae Specimen (Leyde, 1734), p. 81-82 ; Robert James, A medicinal dictionary, vol. I (Londres, 1743), f. 5T2 vo (traduit dans Dictionnaire universel de médecine, tome I, Paris, 1746, col. 1241). Alexander Monro primus a rappelé ce doute dans son cours d’histoire de l’anatomie donné au Collège d’Edinburg en 1739, transcrit par S. Holland (Wellcome Library, ms. MSMSL82B/1, f. 45).

23 Voir la dédicace de sa réédition de l’Epitome de Vésale, Epitome anatomica (Leyde, 1616), f. *ii ro-*iii vo.

24 Examen… (1609), p. 5-8.

25 Bibliothèque universitaire J.-C. Senckenberg, Francfort sur le Main, Ms Ff JH Beyer A, no 94, fo 132. Nous tenons à exprimer à M. Michael Stolberg, professeur à l’Institut d’Histoire de la médecine de l’Université de Würzburg, toute notre gratitude pour nous avoir informé de cette lettre.

26 Exercitationum anatomicarum (1669, t. I), f. A2 ro-A3 ro.

27 La British Library et la Bibliothèque universitaire de Strasbourg sont les seules à posséder la collection complète, assemblée en recueil. D’autres bibliothèques ont certains volumes.

28 H. Boerhaave & B. S. Albinus, Andreae Vesalii Opera omnia (Leyde, 1725), fo 2 ro-vo.

29 Paraphrase de la Chirurgie, II, 2, p. 948 dans l’Opera omnia.

30 Bibliographiae… (2e éd. 1734), p. 88. Cette opinion semble avoir été copiée de la préface de Johann Bohn dans l’Opera omnia de Fabrizi d’Aquapendente (Leipzig, 1687), f. a4 vo. Elle est similaire à celle que formulera N. F. J. Eloy dans son Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, tome IV (Mons, 1778), p. 519.

31 Bibliotheca anatomica (1774), p. 186. Antoine Portal, dans la notice sur Vésale incluse dans sa grande Histoire de l’anatomie et de la chirurgie (tome I, Paris, 1770), se contente de lister l’Examen parmi ses ouvrages.

32 Nous pouvons ajouter opportunément l’opinion d’Hermann Conring tirée de son Introduction à tout l’art médical et à chacune de ses branches (Helmstedt, 1654), p. 163 : « Comme cet ouvrage [des Observations anatomiques] était tombé entre les mains de Vésale, celui-ci a écrit en Espagne un Examen de ces Observations de beaucoup le plus savant publié l’année suivante en 1563 [sic] à Venise, une fois décédés non seulement Falloppio, mais aussi Vésale lui-même. »

33 Voir sa biographie Andreas Vesalius Bruxellensis (Berlin, 1892), p. 266.

34 Voir sa contribution « Falloppius and Vesalius », dans Harvey Cushing, A bio-bibliography of Andreas Vesalius (New York, 1943), p. 182-195, p. 189.

35 Voir sa biographie Andreas Vesalius of Brussels 1514-1564 (University of California Press, 1964), p. 290.

36 Voir sa biographie Andrés Vesalio : su vida y su obra (Madrid, 1970), p. 231-232.

37 Voir sa monographie El mito de Vesalio (Valence, 1994), p. 183.

38 L. Blanckaert [et autres], Onderzoek van de anatomische « observaties » van Gabriël Falloppius [= Examen des Observations anatomiques de Gabriele Falloppio], Bruxelles, Koninklijke Academie voor Geneeskunde van België, 1994.

39 Guy Gilias, « De rijke verbeelding en kleurrijke detailbeschrijving van Andreas Vesalius in zijn boek Onderzoek van de anatomische « observaties » van Gabriel Falloppius » [= L’imagination riche et la description colorée et détaillée d’André Vésale dans son livre Examen des Observations anatomiques de Gabriele Falloppio], Bulletin-Cercle Benelux d’histoire de la pharmacie, mars 2015 (128) : p. 32-43 (réédité dans Ivo De Leeuw, Cornelis van Tilburg & Vincent Van Roy (éd.), Cahiers Geschiedenis van de Geneeskunde en Gezondheidszorg. Nr. 5. De medische renaissance anders bekeken (1400-1600), Antwerpen – Apeldoorn, Garant, 2016, p. 75-85).

40 Examen… (1564), p. 154.

41 Ibid., p. 86.

42 Ibid., p. 10 ; 118 ; 155.

43 Ibid., p. 30 ; 35 ; 37 ; 39 et suiv. ; 63.

44 Ibid., p. 155.

45 Ibid., p. 72-73.

46 Ibid., p. 50-51.

47 Ibid., p. 139 et suiv.

48 Ibid., p. 144.

49 Ibid., p. 97-98.

50 Ibid., p. 140 et suiv.

51 Ibid., p. 17 et suiv.

52 Ibid., p. 55.

53 Ibid., p. 4 et suiv.

54 Ibid., p. 20 et suiv.

55 ibid., p. 83. 90 et suiv. ; p. 161-162.

56 Ibid., p. 154.

57 Vésale rectifie même certaines erreurs typographiques dans sa Fabrica (p. 119-120).

58 Voir par exemple p. 22 et suiv. sur un porc à propos du conduit auditif.

59 Comme le rapporte Johann Schenck dans ses Observations sur la tête humaine (1609), préface. Une donnée reprise par Melchior Adam sur Vésale dans ses Vitae Germanorum medicorum (Heidelberg, 1620), p. 132, et Guerner Rolfinck, Dissertationes anatomicae (Nuremberg, 1656), p. 38.

60 Sur Valverde et son professeur Colombo (p. 72-73 ; p. 92-93), Amatus Lusitanus et son collègue Giambattista Canani (p. 83-84), Bartolomeo Eustachi (p. 48), Jacques Dubois (p. 38 ; p. 153-154), Francesco Rota (p. 84 ; p. 91).

61 Sur les vocables des tuniques des testicules (p. 128 et suiv.).

62 Enfant, il aurait gonflé des vessies de bœuf pour nager (p. 127).

63 Sur les muscles mouvant la tête (p. 59 et suiv.).

64 « C’est de cette manière qu’est renforcé mon principe sur la fonction des muscles intercostaux selon lequel j’estime, contre l’opinion de Galien et toute l’école des anatomistes, qu’ils servent tous à la compression du thorax – et que vous consolidez aussi ici pour augmenter le nombre de vos Observations. » (p. 67).

65 Sur la structure osseuse de l’organe auditif (p. 21).

66 Sur les corps olivaires des nerfs cérébraux (p. 106). Cette particularité a été estimée à tort par Boerhaave et Albinus, dans la préface à leur Opera omnia, comme la preuve d’un esprit affranchi de toute contrainte religieuse.

67 Voir p. 24 pour la description de l’étrier.

Pour citer ce document

David Soulier, « L’Examen d’André Vésale (1564) : un débat d’anatomie manqué » dans D’outre-tombe : vie et destin des œuvres posthumes,

Actes du colloque organisé à l’Université de Rouen Normandie en juin 2018, publiés par Aurélien d’Avout et Alex Pepino

© Publications numériques du CÉRÉdI, « Actes de colloques et journées d’étude », n° 25, 2020

URL : http://publis-shs.univ-rouen.fr/ceredi/index.php?id=859.

Quelques mots à propos de :  David Soulier

Université Côte d’Azur
CMMC – EA 1193